LA RÉPONSE DE CLAUDINE PAQUET À «POURQUOI DES ABÉCÉDAIRES»? Je ne sais pas. Jamais je n’avais songé à écrire un abécédaire avant ce jour-là. C’était comme un appel. Ma soeur venait de mourir. Et moi, je venais de vivre avec elle sa dernière semaine. Quelques heures plus tard, sur la route en revenant chez moi, je n’étais plus qu’un bloc de peine. Un torrent de larmes. Dans ma tête, sans que je sache pourquoi, et je me le demande encore, je répétais sans fin les lettres de l’alphabet. A, B, C... Aux voyelles et aux consonnes, je joignais des mots et tout se rattachait aux derniers jours d’existence de ma soeur. Je suppose que cet alphabet qui défilait sans cesse représentait une façon de ne pas sombrer. Rester debout et m’agripper aux pattes du A, aux rondeurs du B, au croissant de lune du C, au point du I, aux vagues du M... pour ne pas tomber. Je devais rebâtir le monde malgré ce qu’on venait de m’arracher. Claudine Paquet nous offre ainsi à lire deux abécédaires, témoignages lumineux des points tournants vécus lors d’un deuil. Une façon unique, salvatrice d’apprivoiser l’idée de la mort, de survivre à la perte d’un être cher. Une lecture touchante, émouvante qui fait du bien, et qui est magnifiquement illustrée de photographies inspirantes prises par l’auteure.