On se rue comme des malades à travers le labyrinthe de tôle froissée. En se mordant les pouces et en priant en douce, on atteint la palissade. Il était temps, des cris se faisaient entendre. Le chien a fini par donner l'alerte et une poursuite s'ébranle. Ne pouvant envisager le saut à la perche, Luc me fait la courte échelle, je me hisse, puis je lui tends la main. On parvient à se transporter sur un terrain fraîchement labouré. Le sol est glaiseux. On cale jusqu'aux chevilles. Nos espadrilles deviennent aussi encombrantes que des raquettes. à proximité, il y a un champ de maïs ouù on pourrait se dissimuler. On y galope en forcenés. Mais quand ça va mal, c'est souvent sur toute la ligne, hein. Pour corser la situation, une de mes godasses s'enfonce bien creux dans un sillon. Lorsque je lève le pied, elle reste collée. Un modèle aérodynamique, avec intérieur matelassé, languette réglable, coussin d'air, contrefort double, semelle anti-dérapante, talon auto-propulseur. La ferrari des souliers de course. Ils m'ont coûté trois fins de semaine de boulot. Je ne vais quand même pas en laisser un exemplaire dans ce trou ! »